ARTISTE CONTEMPORAINPere de Ribot
Pere de Ribot est né en 1962 à Gérone
La célébration du regard ; l’horizon matérialise dans le paysage la frustration du regard pour voir au-delà de la capacité de contemplation de l’oeil humain. Il n’organise pas seulement la division entre ciel et terre mais dessine aussi la ligne qui définit et rend visible une limite : la limite du regard humain.
Dans la peinture de paysage, la représentation de l’horizon implique l’oubli du reste des limites artificielles que signifie la surface plastique : les limites de la toile ou du support de l’image picturale. Pere de Ribot n’est pas un peintre paysagiste, du moins dans le sens classique du terme, bien qu’il explore largement le paysage en tant que thème principal de la plupart de son oeuvre. Mais, pour cela, il ne plante pas son chevalet devant un champ, pas plus qu’il n’emporte des notes graphiques ou des photographies pour représenter un fragment concret du monde. Son travail consiste en une exploration intérieure où le paysage ne se trouve pas au-delà de la fenêtre mais se situe dans les souvenirs et le bagage de toute une vie. Avec des racines de formation issues essentiellement de l’art abstrait et informel, Pere de Ribot rencontre le paysage plus tard, quand il s’aperçoit que la réalité a sa place dans son oeuvre et que quelque chose lui demande de trouver la manière de la rendre présente ; tout particulièrement, cette réalité qui l’enthousiasme le plus : l’environnement, l’espace qui donne lieu à la vie humaine et que cette dernière contribue aussi à configurer. Grâce à cela, on peut contempler dans son travail ces paysages grand format qui rappellent, toujours de façon imprécise, la plaine de l’Empordà et son étendue placide. L’horizon y est protagoniste, il articule l’ensemble de chaque tableau et est souvent une des rares lignes qui apparaissent clairement définies. Le reste des formes est diffus, étrangement éclipsé par la couleur et la lumière, ainsi que par la sensualité même des textures qui se superposent et dont le jeu tend à broder, par artifice plastique, un tissu de sensations propres au monde connu. Les limites de la toile apparaissent souvent derrière la peinture, non pas comme un cadre mais comme un témoignage de l’artifice esthétique.
Alexandre ROA CASELLAS