PEINTURE LYONNAISE Jacques Poncet

Jacques PONCET - LE QUAI 10

Jacques PONCET
(Lyon 1921 – Lyon 2012)

« Tout d’abord je suis attiré par le paysage, mais très rapidement l’eau, le feu (je fais de nombreux dessins d’après les flammes), puis les arbres, les nuages m’intéressent en eux-mêmes pour leur cadence intime. Je découvre lentement l’identité rythmique des choses. »

Artiste figuratif notoire de la scène lyonnaise mais aussi nationale et internationale, Jacques Poncet (1921-2012) avait une maîtrise remarquable de la beauté lumineuse et luxuriante. Jacques Poncet a été repéré dès la fin des années cinquante par le grand galeriste parisien Jacques Loeb puis dès les années 60 par la Galerie des Arts qui exposait également Fernand Léger, Manessier, Tal Coat ou encore Zao Wou Ki.
Ont logiquement suivi bon nombre d’expositions dans d’influentes galeries à Lyon et Paris pour cette figure incontournable de l’Ecole Lyonnaise. En 2000, Paul Dini enrichissait son musée de Villefranche-sur-Saône de quatre grandes toiles de l’artiste.

Dans les années 1950, la peinture de Jacques Poncet est encore abstraite, en résonnance avec son temps. Mais très rapidement son art devient figuratif.  A travers ses cinq grands thèmes de prédilection, il creuse ses sujets sur cinquante ans de peinture puissante et colorée : le nu féminin, les paysages urbains, les arbres, la mer et l’autoportrait.

La nature, la mer, le ciel, les éléments sont une constante source d’inspiration pour l’artiste. Jacques Poncet écrivait lui-même à ce sujet : « tout d’abord je suis attiré par le paysage, mais très rapidement l’eau, le feu (je fais de nombreux dessins d’après les flammes), puis les arbres, les nuages m’intéressent en eux-mêmes pour leur cadence intime. Je découvre lentement l’identité rythmique des choses. »
Les critiques de l’époque saluent tous « la puissance » et « le mouvement » de ces séries éclatantes, lumineuses et abouties, dont « les masses colorées » rappellent l’écriture de Cézanne. « Les paysages (…) abandonnent leur vérité pratique pour faire place à un torrent de force et de couleurs où s’extériorisent, sans outrance (nuance très lyonnaise) les sensations du peintre », commentait le critique René Déroudille au début des années 1960.

Bernard GOUTTENOIRE

Déclinant à chaque fois de nouveaux cadrages et différentes variations de couleurs et nuances de tons, dans une démarche créatrice toujours renouvelée, il procède à des modifications et des ajustements permettant de capter l’essence de sa créativité. Il progresse sans rupture dans l’affirmation de son style: ample, une touche rapide, des couleurs vives.

« C’est ainsi que sont nés, dans des matières amenées par la violence de l’écriture, des thèmes chers au peintre, comme la ville, les arbres, les plages, les drapés, les autoportraits”.

Source : Dictionnaire des peintres et sculpteurs à Lyon aux XIXe et XXe siècles
Bernard GOUTTENOIRE editions LA TAILLANDERIE

Sur le sable, enveloppé d’écume, le corps nu de la femme offre toute sa sensualité. Par un subtil jeu de matières, Jacques Poncet donne vie à ses modèles.
« contemplons le corps féminin, thème capital et capiteux et, par là même, emblématique de son art. La femme nue, regardée à travers la tradition muséographie et dans l’évidence du plaisir charnel, s’ébattant sur le sable, plongeant dans la mer violette, vaguement picassienne, soit fauve d’apparence, soit vouée au grisailles, participe à la fois des souvenirs culturels et d’une dynamique originale. Une dominante colorée, des cernes à vif sur la forme, des parties hachurées rapidement, et la voilà, l’éternelle amante, emportée dans un mouvement chorégraphique qui tient du jaillissement et d’un certain ordre imposé. L’observation réaliste dont témoignent études et croquis, aboutit à une composition allégorique sur la joie d’être au monde.»

Jean-Jacques LERRANT