PEINTURE LYONNAISE Jacques Truphémus
Jacques TRUPHÉMUS
(Grenoble 1922 – Lyon 2017)
“Le fil conducteur, pour moi c’est la lumière, la traduire par la couleur, trouver ce que peut donner un ton rompu, maîtriser le vocabulaire des chauds et des froids, voilà ma recherche.”
Les toiles de Truphémus sont parlantes ou plutôt murmurantes, et qu’au delà de leur science technique, d’un surprenant raffinement, leur richesse réside dans leur contenu dont la troublante complexité s’échelonne en infinies nuances d’une espèce de désincarnation onirique jusqu’à une sensualité frémissante.
Louis CALAFERTE
Truphémus est né le 25 octobre 1922 à Grenoble. A l’adolescence il passe ses journées au musée de Grenoble, où il découvre l’univers de l’art. Rien ne le détourne de sa passion notamment pour Matisse, Bonnard, Zurbaran et Rubens qu’il étudie avec avidité. Baigné dans ce monde qu’il affectionne et qui l’enrichit, à 15 ans il peint sa première toile représentant la Cathédrale Notre Dame de Grenoble … Lors de l’exposition internationale de Paris, il est sous le choc lorsqu’il découvre Guernica de Picasso. C’est donc tout naturellement qu’il intègre les Beaux Arts en 1941 où il a pour professeurs Chancrin, Laplace, Chartres et Vieilly.
Il y rencontre Cottavoz, Fusaro, Coquet, Mouriquand et Philibert Chavrin qui seront ses amis durant toutes sa vie professionnelle. Il se nourrit de lecture et dévore tout ce qui peut lui être source d’inspiration, l’aidant à assouvir sa passion.
Malheureusement, Pendant la seconde guerre mondiale, il est réquisitionné pour le service de travail obligatoire (STO), période très noire pendant laquelle sa santé est mise à rude épreuve. En 1945, il réintègre les Beaux Arts où il termine ses études dans la Classe de Antoine Chartres. En 1947, il travaille à Paris comme veilleur de nuit, une obligation uniquement alimentaire, et dessine parfois à la Grande Chaumière.
De retour à Lyon après cette année difficile, Il expose au Salon des trente ans ainsi qu’au Salon du sud-Ouest. Puis il participe à une exposition à la chapelle du lycée Ampère de Lyon où ils seront quartorze à exposer, avec ses amis des Beaux Arts. Ensemble, ils donnent naissance à un nouveau mouvement : le sanzisme… le sans isme par opposition au cubisme, réalisme, pointillisme, impressionnisme et autre fauvisme… expression simplement inventée par Charrin pour attirer l’attention des visiteurs… et c’est réussi…
Il se marie en 1950 avec Aimée et vit à Lyon où il prend possession de l’atelier du peintre Etienne Morillon. Travailleur et rigoureux dans sa démarche picturale, Il se fait connaître des galeristes qui lui font rapidement confiance. Ils l’exposent alors régulièrement, notamment la Galerie Claude Bernard qui le représente sur Paris. Les relations d’amitié qu’il tisse avec eux lui permettent d’évoluer rapidement dans le milieu artistique et donc, de vivre pleinement de sa peinture.
En 1970, son voyage au Japon provoque chez lui un intérêt particulier pour les couleurs pastels. Il se fait l’ambassadeur de Lyon, car il y aime sa lumière, il y fixe à jamais des scènes de cafés de quartier, des silhouettes lointaines, des paysages, des natures mortes et des portraits de sa femme Aimée.
Pourtant, la révélation capitale pour Truphémus vint d’ailleurs, du Nord où la lumière vacille entre les nuages, où se répandent les variations sans égales des gris poreux gorgés de lueurs et de reflets. Le ciel du Nord est plus riche en ressources diverses que le mur d’étain du soleil du midi.
Jean-Jacques LERRANT