PEINTURE LYONNAISE Maurice Férréol

Maurice FÉRRÉOL
(Villeurbanne 1906 – 1969)
” La peinture de Férréol est simplement profonde. Une variation venue du fond des âges, colorée de modernité, pour rappeler que l’oeil de l’homme est le vecteur essentiel de sa réalité “
Denis VAGINAY, extrait de l’ouvrage “Maudits Lyonnais”
“si le peintre est naïf, il l’est comme un des grands représentants de ce “style”. A n’en pas douter, la simplicité apparente de chacune des toiles de Maurice Ferréol cache un équilibre parfait et des subtilités, des suavités même, qui en font une oeuvre d’art.”
Maurice Ferréol est né le 10 septembre 1906 à Villeurbanne, dans une famille ouvrière. Sa jeunesse est marquée par la perte précoce de ses parents, ce qui le pousse à naviguer dans la marine marchande à l’âge de 16 ans où il découvre les mers et les paysages exotiques qui influenceront plus tard ses œuvres. À son retour à Lyon, il devient ouvrier sidérurgiste, vivant de son salaire tout en consacrant ses moments de loisir à la peinture.
L’année 1936, marquée par les grands changements sociaux apportés par le gouvernement socialiste, stimule son désir de créer. Bien qu’il soit autodidacte, sa technique évolue rapidement, lui permettant de concevoir des cartons de tapisserie, numérotés selon une gamme de couleurs. Ce n’est qu’à la fin de sa vie, dans les deux dernières années, qu’il parvient à vivre pleinement de son art.
À partir de 1949, Ferréol réalise des tapisseries qui, bien que publiées plus tard, révèlent un monde de fêtes et de rêves paradisiaques. Ses compositions se caractérisent par une profusion d’images et de couleurs, créant une atmosphère joyeuse et expressive. Ses premières oeuvres, souvent inspirées de paysages, montrent une approche naïve mais évolutive, où la simplicité apparente cache un équilibre subtil et une profondeur artistique.
Les oeuvres de maturité de Ferréol témoignent d’un choix radical : la peinture devient un prétexte pour explorer des thèmes qui évoquent la jubilation. Ses représentations, qu’il s’agisse de figures féminines ou de natures mortes, sont empreintes d’une vision onirique et festive. Il parvient à transformer chaque toile en une célébration visuelle, où les couleurs vives et les formes simplifiées se combinent pour créer une expérience sensorielle unique.
Maurice Ferréol reçoit le soutien de figures influentes, comme le recteur d’Université André Allix, qui lui offre un poste de chauffeur et un atelier, ainsi que Jacques Verrière, qui l’oriente vers la tapisserie. Au total, il réalise quarante-deux cartons pour les ateliers Raymond Picaud à Aubusson, dont une tapisserie monumentale de 11 x 5,5 mètres se trouve à l’École Centrale de Lyon.
Son travail est reconnu au-delà des frontières françaises, avec des expositions aux États-Unis et en Australie. Ses oeuvres sont acquises par des institutions prestigieuses, notamment la ville de Paris, le musée de Lyon et la mairie de Villeurbanne. En 1967, une grande exposition à la galerie Verrière suscite l’émerveillement des critiques, qui louent la maîtrise de ses couleurs et la profondeur de ses compositions.
Malheureusement, Maurice Ferréol choisit de mettre fin à ses jours en 1969, laissant derrière lui un héritage artistique riche et vibrant. Son oeuvre continue d’émouvoir, rappelant la beauté et la simplicité de la vie à travers un regard unique et coloré.
source : MBA Lyon et Denis Vaginay “Maudits Lyonnais”
« Les couleurs fusent en accords heureux, les formes se découpent selon les nécessités de la composition et les exigences de la lumière. On assiste à un feu d’artifice où la candeur des peintres de l’instinct et du coeur retrouve la maîtrise des plasticiens. Toujours à la limite de la dissonance, des accords les plus aigus et les plus sonores, les tons s’établissent avec maîtrise, à tel point qu’une toile où un pot blanc apparaît comme une sorte de fusée intersidérale, pointée vers une table globe-terrestre, on fuit le monde des contrastes élémentaires pour pénétrer au sein des nuances d’une monochromie savante. Les tapisseries possèdent les même accents, puissants et vigoureux. Il semble que toutes les grâces des imagiers romans aient permis à Ferréol de retrouver l’art des sanctuaires primitifs.”
René DEROUDILLE

