PEINTURE LYONNAISE Joannès Veimberg

Joannès Veimberg

Joannès VEIMBERG
(Lyon 1918 – Nice 1982)

“Veimberg n’avait pas la facilité des mots. Alors ses dires, il les peignait. Pareil aux enlumineurs du Moyen-Age, il racontait l’histoire de l’humanité : la vie, le soleil, l’amour, la nature, les voyages, la mort. Tout l’univers, revu et corrigé par ce regard candide et pathétique qu’il posait sur les êtres et les choses.”

Denise Mermillon,

 

“Quels désirs d’évasion inavoués, à travers ces énormes bateaux festonnés de vagues ! Quels poètes surréalistes auraient su voir des soleils rouges tournant tels des engrenages dans un ciel étouffé ? Qui aurait peint les petites tapineuses de Pigalle et de St-Denis avec autant d’ingénuité ? ”

Denise Mermillon, Lyon 1987

Joannès Veimberg vit le jour le 23 août 1918 dans le quartier des Brotteaux à Lyon, précisément au 98 rue Bugeaud. Né d’un milieu modeste, son destin semblait éloigné des rivages de l’art. Pourtant, dès son enfance, il manifeste une passion innée pour le dessin et la couleur, des talents qu’il n’exploitera pleinement que plus tard, presque par un heureux hasard, à la suite d’une simple phrase.
À l’âge de 14 ans, un artisan-décorateur lui enseigne les subtilités des nuances chromatiques. Il se met alors à peindre sur des plaques émaillées, embellissant ainsi les villas bourgeoises de sa banlieue.
À 20 ans, il s’engage dans les chasseurs alpins et prend part à la bataille de Narvik. Sa bravoure lui vaut une médaille décernée par le roi Haakon, et il est démobilisé en 1940. Par la suite, il occupe divers postes, notamment gardien au musée Gadagne, surveillant à l’école de Cibeins, et enfin, surveillant au cimetière de Loyasse. Un jour, son ami d’enfance, Paul Clair, lui fait remarquer qu’il s’ennuie de le voir peindre. Joannès, prenant cette remarque au pied de la lettre, décide de s’inscrire aux cours d’Antoine Chartres. Il s’y révèle être un élève assidu, enthousiaste et déterminé, travaillant avec ferveur tout en conservant son esprit de “bon vivant”. Sa peinture se distingue par une personnalité unique, fruit de ses pérégrinations festives aux côtés de son ami Paul.
Sa première exposition se tient au foyer des artistes à Lyon, où Henri Vieilly lui conseille de laisser “chanter les couleurs”. Suivant ce sage conseil, il s’approprie le bleu, le jaune et le rouge, célébrant ainsi la vie, la mer, le soleil, le ciel et les bateaux.
Entre 1954 et 1957, il passe quelques années à Saint-Rémy-de-Provence, où il côtoie de nombreux peintres. Il échange des toiles et se consacre à la peinture de bateaux pour subvenir à ses besoins.
De retour à Lyon, il séjourne au Vinatier et fait la connaissance de Pelloux, Alice Gaillard, Tricaud, Charvolin, Ughetto, Rino et des frères Renaud. À partir de 1953 et jusqu’à son décès, il expose au Salon du Sud-Est, et à partir de 1962, Denise Mermillon lui offre une plateforme dans sa galerie à Saint-Georges, où il présentera sept expositions personnelles. Il devient le “boute-en-train” d’un groupe d’amis gravitant autour de la galerie.
En 1963, à Saint-Rémy, son ami Régis Bernard lui présente Marc Edo Tralbault, biographe de Van Gogh, qui dénote chez Veimberg des similitudes dans leurs œuvres. Grâce à cette rencontre, il aura l’opportunité d’exposer à Anvers.
L’année suivante, il expose à Paris à la galerie Epona, mais en 1965, il est frappé par une grave attaque. Il se retire alors à Lyon, chez sa tante Aline, qui veille sur lui avec une attention bienveillante et l’aide à retrouver confiance en lui.
En 1975, il reçoit le prix de la critique, décerné par des figures éminentes du milieu artistique lyonnais, avec le soutien de René Déroudille.
Veimberg entretient des liens forts et amicaux avec ses camarades, tels que Darodes, Paul Clair, Régis Bernard, Paule Mouradian, Denise Kaegi, M. Besson, AM. Glatier, Evelyne Chevalet et BG. À eux, il confie son désir de s’installer à Nice pour retrouver le soleil sur ses toiles. Malheureusement, accablé par la maladie, Joannès Veimberg s’éteint à l’âge de 64 ans, le 23 février 1982 à Nice, loin de sa “ville des lumières” qui lui manquera toujours. Il repose désormais au cimetière de la Croix-Rousse. Les œuvres de Joannès Veimberg sont aujourd’hui présentes dans de nombreux musées dont le Musée Paul Dini à Villefranche-sur-Saône.

Joannès Veimberg, autodidacte au parcours singulier, trouva dans la peinture une véritable raison d’être. Au commencement de son voyage artistique, il se tourna vers les maîtres hollandais, dont les œuvres résonnaient en lui comme des échos du passé. Cependant, c’est la fougue et l’intensité de Van Gogh qui enflammeront son âme, éveillant en lui une passion dévorante.
Fidèle à son instinct, Veimberg s’affirma comme un artiste à part entière, laissant jaillir avec force l’originalité de sa personnalité. Obsédé par l’angoisse du vide, il se mit à recouvrir ses toiles de formes vibrantes et de couleurs éclatantes, s’efforçant de ne laisser aucun espace inexploré.

Joannès VEIMBERG - LE QUAI 10
Joannès VEIMBERG "Le marché d'Arles"
portrait de jeune homme Joannès Veimberg
lithographie Joannès Veimberg
signature Joannès Veimberg
Fenêtres fermées J. VEIMBERG