PEINTURE LYONNAISEJocco Pelletier
Entre ses deux amours, la musique ou la peinture, son coeur balançait… L’envie de peindre deviendra la plus forte, elle l’emportera…
Depuis 2018, il ne quitte plus son atelier, et y travaille “gentiment” comme il dit… La période de confinement lui a laissé le temps de réfléchir à son oeuvre, de terminer des toiles inachevées, d’y revenir, de fouiner dans le passé et de se redécouvrir. Il avance encore et sans y réfléchir, tout naturellement, cherche et trouve un style plus doux et en même temps plus frais, serein et apaisé….
Jocco Pelletier est né en 1956 à Lyon, dans le quartier de la Croix-Rousse, de parents ouvriers dans l’impression sur tissus. En 1972, à 16 ans , il arrête ses études pour créer un groupe de Rock à Lyon où il sera bassiste professionnel jusqu’à 25 ans.
Nous sommes à la fin des années 70, la révolution sexuelle, le courant “Peace and Love” et son côté libertaire et insouciant, cette joie et cette envie de vivre pleinement, malgré les turbulences et les violences économiques, politiques et sociales. Il se passionne également dès son plus jeune âge pour la littérature française, qu’il dévore sans modération. Entre autre, toutes les lettres de Vincent Van Gogh à son frère Théo. L’envie de découvrir son oeuvre le mènera à Amsterdam où il est sous le choc….Entre ses deux amours, la musique ou la peinture, son coeur balance… L’envie de peindre devient la plus forte, elle l’emportera… Il arrête la musique et s’inscrit en 1981 à l’école des Beaux Arts de Lyon.
Il assume son choix en se donnant intensément à l’art, il peint des animaux, des singes et en 1984, avec ses amis des Beaux ‘z “ (Thomas Lovy, Pierre Sommereux, Jean Amoros) ils participent à plusieurs expositions, le Théâtre la Mère Folle à Mâcon, Scalp à Lyon, le Salon d’automne à Lyon, la Galerie Brousse à Montpellier entre autres.
Peu à peu la peinture laisse la place à l’Art Contemporain et en 1986 il forme le collectif “ARTSTARATS”, avec Jean Amoros, Vincent Friot et Thomas Lovy. La galerie “Plan de travail”, installée dans un appartement place des Terreaux à Lyon, les expose. Leur objectif ? Etonner, déglacer, bousculer, improviser, et réinventer. Leur challenge ? Un quatuor classique désaccordé, sur les murs des mouches réalisées avec un tampon, une pièce transformée en nature morte du XVIIe siècle hollandais. De la boue, des vers de terre, des tanches (poissons) en sachet plastiques, alcool, etc…. Une bande de jeunes artistes qui ne se prennent pas au sérieux, et qui vont au bout de leurs délires, insouciants, heureux, amoureux de l’art. Leur fièvre créatrice les mène jusqu’au bout de leur envie… Il ne reste de cet endroit que seulement deux ou trois photos, une preuve de leur optimisme et de leur détachement des choses matérielles…. La complicité qui les unit est primordiale pour eux…
La quatrième année, il la passe avec Thomas Lovy à Bruxelles, avant de rentrer à Lyon en 1986, où le collectif expose à la galerie “l’Ollave”, un rez-de-chaussée et deux étages délabrés dans le vieux Saint-Jean. On prend les mêmes et on recommence : seuls changent les ingrédients, avec la même volonté de créer de nouvelles images à partir de sensations : porcelets, poules, oeufs/plumes, polystyrène, vidéo, alcool…
Grâce à sa folie créatrice, et son audace, Jocco Pelletier sera diplômé des Beaux-Arts et s’installe à Milan. Il obtient une bourse du Goethe Institut pour Berlin, puis le collectif se retrouve à nouveau à Paris un an plus tard.
En 1988, la galerie Pierre Hubert à Genève leur propose une exposition cette fois sans “animaux”. Le challenge : quatre escargots + un piano à queue et 300 métronomes + 300 coquilles d’escargots + une cantatrice : Marguerita Zimmerman + des machines à écrire + alcool. Après avoir participé au Festival International de Performance à Paris, le collectif se sépare, et Jocco Pelletier continue l’aventure avec son ami Vincent. Nouvelle exposition à Genève à la galerie Pierre Hubert.
Un mécène a alors la générosité de mettre à leur disposition un atelier à Saint-Ouen dans un ancienne usine sidérurgique. C’est alors une période d’activité intense, où les expositions s’enchainent, Artzimut au Centre Culturel de Cherbourg, la Maison des Expositions à Genas, Jeune sculpture à Paris. De belles rencontres, même si rien ne vient par hasard, Robert Filliou et Jean Dupuis, deux des fondateurs du mouvement Fluxus, les font participer à différentes manifestations artistiques. En 1991, Antoine Candau les expose au salon Découverte au Grand Palais à Paris, et installe “les Guerites” dans sa galerie. La galerie Traje à Besançon suit leur travail et leur évolution en leur organisant également des expos, le musée de Dôle ainsi que plusieurs collectionneurs leur achètent des oeuvres.
Jocco Pelletier et sa famille s’installent alors dans le Beaujolais à proximité immédiate de Lyon. Changement de cap pour Jocco qui se forme à différentes techniques de peintures murales à Avignon. Il vit alors une période grâce à laquelle il explore différentes techniques, avec comme on s’en doute, la fougue nécessaire pour rechercher l’excellence. Il organise des week-ends “chantier-restauration” sur différents sites, avec beaucoup de succès tout en dispensant de nombreux cours à Avignon.
Il ne délaisse pas pour autant son atelier, s’y ressource en travaillant pour préparer différentes expositions ou événements artistiques, entre autre “Interrupteur” à Belleville-en-Beaujolais, et la Compagnie des Peintres.
Depuis 2018, il ne quitte plus son atelier, et y travaille “gentiment” comme il dit… La période de confinement lui laisse le temps de réfléchir à son oeuvre, de terminer des toiles inachevées, d’y revenir, de fouiner dans le passé et de se redécouvrir. Il avance encore et sans y réfléchir, tout naturellement, cherche et trouve un style plus doux et en même temps plus frais, serein et apaisé…
Notre rencontre avec Jocco PELLETIER remonte à plusieurs années. Au fil des ans, nous avons suivi et apprécié son travail. Tout en maîtrise, sa technique est spontanée, son inspiration naturelle et sincère. Jocco PELLETIER est un artiste accompli et entier.
Spécialiste des pigments naturels et alchimiste de la couleur, Jocco construit son oeuvre en puisant au plus profond de ses multiples expériences et de sa sensibilité d’où percent parfois certaines inquiétudes.
Son inspiration et son intuition guident son travail pour laisser la couleur nous envahir et nous séduire.